La culture numérique pour tous
Emergence économique a publié en 2017, un article de la rubrique “Emergence numérique”, consacré à “Bien choisir son nom de domaine”.
En Afrique, l’extension .africa est disponible depuis début août 2017 et permet d’enregistrer des domaines tels https://epistrophe.africa, site web permettant de déposer son propre domaine.
Pour le profane, l’association de ces trois mots “nom de domaine” laisse perplexe. Que peut bien être un “nom de domaine” ?
Le spécialiste vous répondra qu’un nom de domaine est une chaîne alphanumérique permettant d’accéder à une adresse IP grâce à la résolution DNS. Un nom de domaine s’achète auprès d’un registrar qui lui-même l’obtient d’un registry. Un registry gère une extension en vertu d’un contrat passé avec l’ICANN. L’ICANN est l’un des acteurs clefs de la gouvernance d’Internet et gère le nommage et l’adressage Internet au niveau mondial.
Voilà qui laisse le profane dans sa perplexité voire l’obscurité la plus totale.
Le nom de domaine est simplement un élément de l’adresse qui permet d’accéder à une page web ou de former un adresse de courrier électronique. Fratmat.info est le nom de domaine qui permet d’accéder au site web https://www.fratmat.info/ et aux adresses @fratmat.info
En Côte d’Ivoire le .ci est le domaine de premier niveau ou extension ivoirienne, gérée à ce jour par l’ARTCI et distribué par des bureaux d’enregistrement tels Epistrophe. Il est recommandé pour une entreprise ivoirienne ou un site dirigé vers la Côte d’Ivoire de choisir un .ci, les raisons sont détaillées dans l’article paru dans Emergence
Si l’émergence numérique est l’affaire de tous – voir tribune dans Fraternité Matin des 12 et 13 août 2017 page 20 – elle ne peut se faire sans l’acquisition d’une culture numérique pour le plus grand nombre.
La compréhension du monde numérique, de son fonctionnement, de son vocabulaire de base, permettant notamment de comprendre les termes techniques ci-dessus est une nécessité pour entrer de plain-pied dans l’ère numérique.
Outre l’apprentissage du code, pour former des développeurs de qualité, la culture numérique a vocation à devenir une discipline scolaire, universitaire et un module de formation professionnelle. De même, l’économie numérique, les modèles économiques du web, le droit du numérique, le management digital sont des matières à enseigner dans les écoles post-bac et universités.
En août 2017, je présidai le jury du concours de startup numériques organisé à l’ESATIC par le SIISNA. Comme dans d’autres concours du même type, une des faiblesses récurrentes constatées des projets, bons par d’autres côtés, est le modèle économique.
Personne n’avait enseigné à ces jeunes créateurs, motivés et plein de bonne volonté, avec des compétences techniques certaines, les règles de bases de l’économie numérique.
L’entreprenariat numérique ne demande qu’à se développer pour peu que les formations initiales et continues s’approprient cet enjeu.
Le code informatique doit être enseigné à l’école le plus tôt possible et la culture numérique au lycée, à l’Université et dans les écoles post-bac.
Les décideurs économiques, politiques, institutionnels peuvent-ils s’abstenir de comprendre cet âge numérique dans lequel nous sommes déjà entrés et va prendre de plus en plus d’importance.
La gouvernance de l’Internet est l’une des composantes de cette culture numérique à acquérir et en comprendre les enjeux est primordial. Ces sujets sont encore trop souvent affaire de spécialistes : nom de domaine, IPv6, propriété intellectuelle, cybersécurité, économie numérique, solidarité et inclusivité numériques, politique du genre, logiciels libres, …
S’imprégner de la culture numérique c’est acquérir les clefs de ce nouvel âge, s’en abstenir c’est rester devant la porte.
Il en va ainsi de la responsabilité de chacun d’agir à son niveau pour que la culture numérique soit partagée par le plus grand nombre d’ivoiriens.
Philippe BATREAU
Directeur Général d’Epistrophe
Membre fondateur de la French Tech d’Abidjan
Editeur d’Age numérique
Expert international